🥇 Un Roi Sans Divertissement Est Un Homme Plein De Misères
ledébut a fourni le titre est empruntée par Giono aux Pensées de Pascal :" (&)un roi sans divertissement est un homme plein de misères." (fragment 142 de l'édition Brunschvicg). Dans les Pensées, le mot
B Le Roi est un être humain qui souffre comme les autres de sa condition humaine. Bien qu'il occupe le "plus beau poste du monde" "Un Roi sans divertissement est un homme pleins de misères" (PASCAL : 126 - 127) En effet, le Roi a plus de soucis, de responsabilités que les autres hommes car il a une fonction plus élevée. Si on laisse
Quon en fasse l’épreuve ; qu’on laisse un Roi tout seul, sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans l’esprit, sans compagnie, penser à soi tout à loisir ; et l’on verra, qu’un Roi qui se voit, est un homme plein de misères, et qui les ressent comme un autre. Aussi on évite cela soigneusement, et il ne manque
Unroi sans divertissement Theâtre espace 44 . Accueil; Programmation 2018-2019; Un roi sans divertissement; Un roi sans divertissement . Nominations. Meilleur spectacle
6citations. « Ennui. Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement. ». « Sans divertissement, il n'y a point de joie; avec le divertissement, il n'y a point de tristesse. ». « Qu'on laisse un roi tout seul sans compagnie, penser à lui tout à loisir ; et l'on
Unepensée vieille comme le monde, sur laquelle ont brodé Montaigne, Bossuet et La Bruyère, mise en maxime par Pascal ("Un roi sans divertissement est un homme plein de misères"), a inspiré à Giono, à propos d'un épisode de banditisme montagnard, une oeuvre mystérieuse et troublante. En purgeant la contrée d'un malfaiteur - qu'il se garde
Oncomprend et on n’aime ce livre que lorsqu’on lit la dernière phrase, en référence aux Pensées de Pascal et qui donne au livre son titre : un roi sans divertissement est un homme plein
Unroi sans divertissement Theâtre espace 44 . Accueil; Programmation 2018-2019; Un roi sans divertissement; Un roi sans divertissement . Nominations. Meilleur spectacle Tous public. Meilleur 1er rôle Masculin. Meilleure Scénographie "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères » Citation de Pascal . Un
Unroi sans divertissement est un homme plein de misères : cette formule réduit la condition du roi à celle d’un simple sujet, en ajoutant des misères plus grandes que celles de l’humanité ordinaire. Voir
4« Un roi sans divertissement est un homme plein de misères » : citation extraite des Pensées (1670, posth.) de Blaise Pascal (1623-1662).. SUPPORT. Jean GIONO, Un Roi sans divertissement (1947).
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Unepensée vieille comme le monde, sur laquelle ont brodé Montaigne, Bossuet et La Bruyère, mise en maxime par Pascal ("Un roi sans divertissement est un homme plein de
Unroi sans divertissement a été publié en 1947, il sera porté à l’écran en 1963 par François Leterrier, inaugurant le cycle des « chroniques romanesques » qui renouvelle l’inspiration de l’écrivain dans l’immédiate après-guerre ; dans le canton de Trièves, dont le climat, l’hiver, est particulièrement rude, un village vit dans la peur ; un
4« Un roi sans divertissement est un homme plein de misères » : citation extraite des Pensées (1670, posth.) de Blaise Pascal (1623-1662). Cours de M. Berkane - Lycée Arcisse de Caumont (Bayeux) PRÉSENTATION ET SITUATION DU PASSAGE Les dernières pages du roman sont isolées de ce qui précède par un astérisque. Les vieillards,
En1946 Il publie Un roi sans divertissement. Toute l'œuvre est enclavée dans le titre, citation inachevée, et la question qui la clôture et dont Giono connait trop bien la réponse « Qui a dit: “Un roi sans divertissement est un homme plein de misères ?” » : Pascal, dans ses Pensées (fragment 142). Ce roman est une chronique d'un
qaGyCN. Jean Giono Un Roi sans divertissement 1947 SOMMAIRE Qu'on laisse un roi tout seul sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin de l'esprit, sans compagnies et sans divertissements, penser à lui tout à loisir, et l'on verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misères. [...] Et c'est pourquoi, après leur avoir préparé tant d'affaires, s'ils ont quelque temps de relâche, on leur conseille de l'employer à se divertir, et jouer, et s'occuper toujours tout entiers.» Pascal, Pensées, 137, 139. I - Genèse de l'œuvre - Le genre de la chronique. Un Roi sans divertissement est contemporain d'une phase sombre dans la vie de Jean Giono. Incarcéré en 1939 au moment de la mobilisation parce qu'il avait signé des publications pacifistes, l'écrivain a été arrêté fin août 1944, quelques jours après le débarquement allié, sur les ordres du Comité de Libération de Manosque, qui lui reproche sa collaboration à la revue La Gerbe. Giono est interné pendant quelques mois, et il est le 9 septembre inscrit sur la liste noire du Comité National des Écrivains, redoutablement actif dans l'épuration. En mars 1945, libéré, il séjourne pendant quatre mois à Marseille chez son ami Gaston Pelous, à l'extrémité du Boulevard Baille, dans l'intimité familiale qu'il a évoquée dans Noé. Un nouveau personnage surgit alors dans son esprit, c'est Angélo, le futur héros de Le Hussard sur le toit, dont Noé nous conte aussi la naissance. C'est donc vraisemblablement au printemps de 1945 que le romancier forme le projet d'un cycle consacré au Hussard avec l'idée, semble?t?il, de faire alterner des épisodes anciens et des épisodes modernes. Du printemps à l'automne 1945, il commence Le Hussard sur le toit, mais, rencontrant des difficultés, il écrit brusquement, au début de l'automne 1946, Un Roi sans divertissement commencé en 1943, suivi immédiatement de Noé. Un Roi, c'est donc une sorte de brusque crochet à l'intérieur du cycle d'Angélo. Ce crochet, ? ou cette parenthèse ? est lié à l'idée de la chronique, germée dès 1937 mais réactivée au printemps de 1946 pour des raisons matérielles. Alors que le cycle d'Angélo est fait de gros romans épais, longs à écrire, des chroniques assez brèves comme Un Roi répondraient mieux en effet à des nécessités alimentaires dans la mesure où Giono était sur la liste noire, "un conte par mois pour l'Amérique permettrait de vivre en attendant". On voit ainsi se former le projet d'œuvres courtes, proches de la nouvelle, écrites "à la volée", en "style récit", conduisant "rapidement au dénouement". Un Roi sans divertissement appartient donc à ce genre nouveau de la chronique, dont l'ensemble est imaginé comme un gigantesque opéra?bouffe formant un cycle de courts récits où alterneraient deux époques, le XIXème siècle et le XXème siècle. Voici ce que disait Giono Composer un opéra?bouffe de la façon la plus libre. Se placer également dans le moderne de la façon suivante. Le I étant Un Roi sans divertissement, le II pourrait être par exemple un récit de voyage à pied, en car, à travers la Drôme, etc. [...], les pays que j'aime. Ce que j'emporte, mon carnier, pipe, livre, tabac. Mes hôtels et auberges. Mes rapports avec les gens [...]. Le III pourrait être une très bucolique histoire d'amour avec Cadiche, la fille aînée de Mme Tim [...]. De temps en temps, venir aux temps actuels ». D'un côté, une suite au drame conté dans Un Roi ; de l'autre, un fantaisiste et actuel récit de voyage mettant en scène l'auteur lui?même on songe aux Choses vues de Victor Hugo, que Giono venait de relire, et au Voyage sentimental de Sterne. Giono s'est expliqué lui?même avec une parfaite netteté sur ce qu'il appelait ses "chroniques" dans la préface de 1962 Le plan complet des chroniques romanesques était fait en 1937. Il comprenait une vingtaine de titres dont quelques?uns étaient définitifs, comme Un Roi sans divertissement, Noé, Les Âmes fortes, Les Grands chemins, Le Moulin de Pologne, L'Iris de Suse etc. [...] Toutes les histoires sont maintenant écrites, certaines sont publiées, d'autres n'ont pas encore atteint le degré de maturité et de correction pour l'être. Il s'agissait pour moi de composer les chroniques, ou la chronique, c'est-à-dire tout le passé d'anecdotes et de souvenirs, de ce "Sud imaginaire" dont j'avais, par mes romans précédents, composé la géographie et les caractères. Je dis bien "Sud imaginaire", et non pas Provence pure et simple. [...] J'ai créé de toutes pièces les pays et les personnages de mes romans. [...] J'avais donc, par un certain nombre de romans, Colline, Un de Baumugnes, Regain, Le Chant du monde, Le Grand troupeau, Batailles dans la Montagne, etc... créé un Sud imaginaire, une sorte de terre australe, et je voulais, par ces chroniques, donner à cette invention géographique sa charpente de faits divers tout aussi imaginaires. Je m'étais d'ailleurs aperçu que dans ce travail d'imagination, le drame du créateur aux prises avec le produit de sa création, ou côte à côte avec lui, avait également un intérêt qu'il fallait souligner, si je voulais donner à mon œuvre sa véritable dimension, son authentique liberté de non?engagement. C'est pourquoi j'avais placé dans les premiers numéros du plan général un livre comme Noé où l'écrivain lui?même est le héros et, vers la fin, plusieurs petits ouvrages où, au contraire, il disparaissait entièrement dans la création livrée brute. [...] Entre ces deux extrêmes le thème même de la chronique me permet d'user de toutes les formes du récit, et même d'en inventer de nouvelles, quand elles sont nécessaires et seulement quand elles sont exigées par le sujet.» Voir sur Amazon On peut ainsi fédérer les chroniques de Giono autour des caractères suivants La chronique se distingue du roman par un style plus narratif, moins descriptif ou moins lyrique. Le personnage y devient plus important que la nature. Le temps y est déterminant. Les chroniques sont historiquement situées aux XIXème et XXème siècles, avec des glissements d'un siècle à l'autre. Il ne s'agit pas d'histoires ni de romans historiques, mais d'annales, rapportées selon l'ordre du temps, avec l'opacité d'une pure chronologie, et constituées de détails de vies individuelles plus que d'un tableau d'époque. Les chroniques s'inscrivent dans un milieu, un Sud imaginaire, c'est-à-dire un groupe social, une réalité plus sociologique que géographique. On a souvent tort en effet de confondre ce "Sud mental" avec la Provence Giono n'est rien moins qu'un écrivain régionaliste !. Dans Un Roi sans divertissement, les lieux sont certes parfaitement identifiables la région de Lalley, dans le Trièves, aux confins de l'Isère et de la Drôme, mais c'est une région que Giono s'est réappropriée. De ce "cloître de montagnes", il a pu dire "C'est de ce pays au fond que j'ai été fait pendant plus de 20 ans" Journal, 1946. La chronique raconte un fait divers à portée métaphysique ce qui est en cause ici, c'est la condition humaine. Mais qu'on n'en attende pas non plus de leçon ». L'incertitude maintenue sur les mobiles des personnages et même sur leurs actes se contente tout au plus de poser des questions fondamentales. A la différence des romans, la présence du narrateur ou du récitant peut être concurrencée par une succession de "témoins" auprès desquels il mène une sorte d'enquête. Ce n'est que par la reconstitution de ces fragments, comme dans un puzzle, que le lecteur peut prétendre appréhender les ressorts fondamentaux de l'intrigue et des personnages. II - Temporalité et narration. Le livre, écrit Giono, est parti parfaitement au hasard, sans aucun personnage. Le personnage était l'Arbre, le Hêtre. Le départ, brusquement, c'est la découverte d'un crime, d'un cadavre qui se trouva dans les branches de cet arbre. Il y a eu d'abord l'Arbre, puis la victime, nous avons commencé par un être inanimé, suivi d'un cadavre, le cadavre a suscité l'assassin tout simplement, et après, l'assassin a suscité le justicier. C'était le roman du justicier que j'ai écrit. C'était celui-là que je voulais écrire, mais en partant d'un arbre qui n'avait rien à faire dans l'histoire. » Évinçant plus tard le rôle de l'arbre, Giono a proposé lui-même, dans le Carnet du roman, un résumé possible de l'intrigue d'Un Roi sans divertissement à travers le portrait moral de Langlois, son protagoniste central C'est le drame du justicier qui porte en lui-même les turpitudes qu'il punit chez les autres. Il se tue quand il sait qu'il est capable de s'y livrer. [...] Quelqu'un qui connaîtrait le besoin de cruauté de tous les hommes, étant homme, et, voyant monter en lui cette cruauté, se supprime pour supprimer la cruauté.» Résumé Dans un village du Trièves enfoui sous la neige, ont lieu des événements étranges. Une jeune bergère, Marie Chazottes, disparaît, un homme est attaqué, un porc est mutilé. L'hiver suivant, à nouveau, un homme disparaît. Arrivent alors au village six gendarmes conduits par le capitaine Langlois, chargé de résoudre ces mystères. Nouvelle disparition. L'hiver suivant, Frédéric II, qui possède une scierie à l'écart du village, voit un homme descendre d'un grand hêtre. Il monte dans l'arbre, découvre les cadavres des disparus et suit l'homme jusqu'à Chichilianne. Il apprend son identité c'est un certain M. V. Langlois, à son tour, part à la recherche du criminel, le trouve chez lui, le tue, puis démissionne. Quelques mois plus tard, Langlois revient au village, comme commandant de louveterie. Il s'installe chez Saucisse, une "vieille lorette de Grenoble", qui tient le Café de la Route. Il fréquente le monde de la contrée la créole Mme Tim, le procureur royal de Saint-Baudille, se marie, s'ennuie. Lorsqu'un loup ravage le pays, Langlois le traque et le tue dans une cérémonieuse battue. Dès lors, il comprend que le seul divertissement qui vaille est le meurtre. Il se suicide en fumant un bâton de dynamite pour que la fascination du sang ne fasse pas de lui, à son tour, un assassin. Cette fiction étalée sur quatre années nous est contée dans un système narratif relativement complexe qui consiste en un va-et-vient du temps de l'écriture 1946 au temps de la fiction 1843-1848, en passant par les relais narratifs fournis par des témoins ultérieurs 1868, 1916. Le champ temporel couvert par la fiction se situe ainsi au XIXème siècle, alors que celui de la narration se poursuit jusqu'à l'époque moderne, ce que Giono appelle le "temps présent". Au début de Noé, il évoque ce moment où, Un Roi terminé, le romancier est comme happé par la vie de ses personnages dans un mélange temporel qui est bien celui du roman Ce pays où je viens de vivre sous la neige de 1843 à presque 1920, puisque c'est en 1920 que j'ai imaginé qu'on m'a raconté l'histoire ». Il est facile de repérer les différents mouvements par lesquels le narrateur passe des événements de 1843 une série de disparitions mystérieuses dans un village de montagne aux années du temps présent, où il connaît les descendants de ceux qui ont, soixante-quinze ans auparavant, joué un rôle dans l'histoire. La numérotation des Frédéric I, II, III, IV est l'expression cocasse de cette circulation à travers les époques. Un descendant supposé de lit Gérard de Nerval pendant les vacances. Ici, une allusion au buste de Louis-Philippe, là une évocation de l'huile pour autos Texaco. Quand j'interrogeais Giono, dit Robert Ricatte, sur les raisons qui l'avaient incité à manipuler curieusement dans les chroniques le cours du temps, il invoquait son bon plaisir "Je me suis aperçu que c'était une technique amusante et qui m'offrait des facilités. Jusqu'ici, j'avais écrit des histoires qui commençaient au début, qui se suivaient. J'en avais assez. Ça m'a séduit de mélanger les moments. J'ai voulu ajouter un piment, m'amuser."» Cet amusement a consisté à multiplier, du même coup, les instances de la narration. Et en effet, le narrateur, maître du jeu temporel, glisse, avec des effets plus ou moins cocasses, d'une époque à l'autre parfois, il renonce à occuper une position en surplomb, il disparaît, par exemple, pour laisser la place aux perceptions, à l'angoisse, à l'attente des villageois pendant l'hiver 1843. Le jeu des pronoms est intéressant à étudier, car il correspond à un changement d'instance temporelle en même temps qu'à un changement de point de vue. Car, dès qu'on évoque les divers niveaux temporels, on est renvoyé à la question qui parle ? C'est-à-dire à la désignation du ou des locuteurs. Les caractères de la narration interfèrent avec ces couches temporelles diversifiées A cet ordre de la fiction, schématisé ci-dessus, l'écrivain préfère une tout autre organisation qui coïncide avec l'entrée en scène de plusieurs voix narratives LES POINTS DE VUE les numéros de pages renvoient toujours à l'édition Folio, Gallimard. pages pronoms époque de la narration époque de la fiction commentaires à 51 Je = le narrateur. 1946 1843 Jusqu'ici cette alternance nous fait partager les angoisses d'une famille du village et le point de vue supérieur d'un narrateur qui prépare ses thèmes. On, Nous = collectivité villageoise. 1843 1843 pp. 64 à 80 pas de narrateur apparent. p. 80 Je = Frédéric. 1845 1845 Au cours de la poursuite de les parenthèses nous font pénétrer dans la pensée de Frédéric. p. 86 p. 127 Nous, On = des vieillards Je = l'un d'eux. 1916 1846 Entre le Narrateur et l'histoire, s'installent des relais ainsi ces vieillards qui, "à une certaine époque", "il y a plus de trente ans", lui ont parlé de Langlois. pp. 152 à 160 Je = Saucisse. 1868 1847 Saucisse parle plus de vingt ans après les faits elle s'adresse à ceux de son village, qui ont conservé une vive curiosité à l'égard des événements passés. p. 240 Je = Anselmie. 1868 1847 Rapporté par Saucisse, le récit d'Anselmie nous fait voir, par son regard borné, l'épisode pourtant essentiel de la décapitation de l'oie. p. 243 Je = le narrateur. 1946 1848 Pour le récit rapide du suicide de Langlois, on retrouve le narrateur, capable d'en interpréter le sens symbolique. III- Un récit lacunaire. C'est sans doute une des caractéristiques du roman moderne, par rapport au roman qu'on appelle classique ou traditionnel, que d'être un récit lacunaire, c'est-à-dire un texte qui ne livre pas d'emblée tous les tenants et aboutissants de l'intrigue, et qui, au fond, laisse le lecteur sur sa faim, ne lui disant pas tout ce qu'il aimerait savoir et lui laissant le soin d'interpréter, d'émettre des hypothèses, de se poser des questions. Encore faudrait?il se garder de l'idée simpliste que tout roman classique est d'une clarté parfaite, que les comportements des protagonistes y sont constamment mis en pleine lumière, qu'aucun des éléments de l'histoire racontée ne demeure dans une zone d'ombre. Il y a bien de "silences du récit" l'expression est de Marcel Schwob à propos de Stevenson dans les grands romans du XIXème siècle. Mais c'est un fait que sous l'influence de beaucoup de romanciers étrangers Dostoïevski, Stevenson, Conrad, Henry James le roman français a été progressivement conduit André Gide, avec Les Faux-Monnayeurs, a été un relais important à faire une part de plus en plus belle aux silences du récit. Tel roman de Bernanos, Monsieur Ouine, est un exemple de roman lacunaire. Beaucoup de "nouveaux romans" pourraient être rangés sous cette rubrique. Chez Giono, une chronique comme Les Âmes fortes se présente comme une série de témoignages contradictoires sur un passé lointain ; chacune des protagonistes voit ce passé selon son optique présente, les mots proférés servant autant à le recréer selon la pente du désir ou de la rêverie qu'à être le compte rendu scrupuleux de ce qui a été. Une phrase d'Un Roi sans divertissement semble résumer toute l'esthétique de Giono "On ne voit jamais les choses en plein". L'observateur, aussi bien, n'est pas toujours situé à la meilleure place il arrive même, à plusieurs reprises, qu'il soit hors du lieu où se passe une scène essentielle. D'où tout un art du silence, de l'allusion, de la discrétion, qui vise à ménager des ombres, à respecter des secrets. Mais il faut se garder d'un jugement simpliste, car, dans ce domaine du récit lacunaire, il existe bien des degrés, et l'on est est loin avec Un Roi de ces puzzles auxquels nous ont habitués certains romans récents. D'autant que, d'un autre côté, Un Roi sans divertissement se présente un peu comme un apologue, une illustration saisissante d'une observation de moraliste, à savoir la phrase de Pascal citée à la fin du roman "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères". Cette maxime, au moins a posteriori, inonde de lumière tout le récit. Le prix d'Un Roi, ce qui en fait sans doute un chef-d'œuvre, c'est justement l'effort du romancier pour voiler cette lumière, ménager des zones d'ombre. La manœuvre n'est évidemment jamais d'ordre simplement esthétique l'éclatement des points de vue dans le roman, et les incertitudes qu'ils créent sur ce qui est vraiment su et dit, ressortissent à une conviction morale. Les lacunes du récit nous invitent en effet à la plus extrême prudence quant aux jugements que nous pourrions hâtivement porter sur les personnages, et nous convainquent que, dans ce domaine, tout est bien affaire de point de vue. IV- Une fable métaphysique ? Ce qui frappe le lecteur d'Un Roi, c'est d'abord la verve du conteur, la liberté d'allure, le ton parlé, le caractère parfois familier, toujours savoureux d'un parler pittoresque pour raconter des choses cocasses. Par exemple, le portrait de Martoune "Suivre Martoune n'est pas de la petite bière !" etc... On peut citer aussi l'évocation de Mme Tim, mère et grand?mère, saisissant "au hasard un de ses petits-enfants qu'elle se mettait à pitrogner..." Il faut se rappeler ici la conception que Giono a de la chronique comme opéra?bouffe. Beaucoup d’exemples nous sont ainsi offerts, et beaucoup de nuances, dans la goguenardise, la désinvolture, la cocasserie le portrait d' Anselmie, les circonstances mêmes de la disparition de son mari, le portrait de Delphine, la corpulence de Saucisse et le cheval de Langlois, "cheval noir et qui savait rire", etc. Cette cocasserie du langage jure avec l'atmosphère pesante et même tragique du roman soucieux de désarçonner son lecteur, Giono organise volontiers des contrastes, tel ce hêtre somptueux qui contient les ossements des cadavres, et même un cadavre frais le végétal et les ossements !. Hêtre monstrueux par sa beauté et par ce qu'il porte de façon incongrue, cet "Apollon citharède" des hêtres, c'est l'arbre aux oiseaux et aux cadavres. Autre thème contrasté est le motif du sang vermeil sur la neige. Le goût de la cruauté - et d'une cruauté assez monstrueuse - est ancien chez Giono, mais il a pris chez lui de plus en plus d'importance. Le thème du sang sur la neige apparaît en tout cas dans le roman à plusieurs reprises, sans doute trouvé, comme le suggère Luce Ricatte, dans l'épisode de l'oie blessée du Perceval de Chrétien de Troyes L'oie était blessée au col. Elle saigna trois gouttes de sang, qui se répandirent sur le blanc. On eût dit une couleur naturelle. L'oie n'avait tant de douleur ni de mal qu'il lui fallût rester à terre. Le temps qu'il y soit parvenu, elle s'était déjà envolée. Quand Perceval vit la neige qui était foulée, là ou s'était couchée l'oie, et le sang qui apparaissait autour, il s'appuya sur sa lance pour regarder cette ressemblance. Car le sang et la neige ensemble sont à la ressemblance de la couleur fraîche qui est au visage de son amie. Tout à cette pensée, il s'en oublie lui-même. Pareille était sur son visage cette goutte de vermeil, disposée sur le blanc, à ce qu'étaient ces trois gouttes de sang, apparues sur la neige blanche.» Le Conte du Graal ou Le Roman de Perceval. On peut en relever les occurrences, et apprécier le jeu des contrastes contrastes du blanc et du rouge, du tiède et du froid, de la pulsation et de l'immobilité, de la vie et de la mort. En même temps, se déploie une intensité croissante dans la fascination de Langlois, qui est à son comble quand il regarde un long moment, à la fin du roman, le sang de l’oie sur la neige. Deux autres thèmes essentiels parcourent Un Roi, celui de la fête, et, très lié à ce thème, celui de la parure, des objets et des vêtements de cérémonie. Là encore, c'est sur le mode de la contemplation fascinée qu'apparaît l'éclat des lumières, ou la beauté des verres, des cristaux, des porcelaines sur la table dressée chez Mme Tim. Au cours de la messe de minuit, Langlois avoue avoir été "fortement impressionné" par les candélabres dorés, et par les belles chasubles. Voyez comme il évoque l'ostensoir, "cette chose ronde avec des rayons semblables au soleil". Mais à la fête spontanée, exercice de liberté et d'improvisation, Langlois préfère la cérémonie soigneusement organisée. Ainsi, militaire et monacal, il règle de main de maître la battue au loup. Ce qui donne à la fête son caractère, outre le cérémonial, c'est qu'elle rompt la chaîne des habitudes. Le dimanche de la battue est un "dimanche insolite". La fête, solennelle et cérémonieuse, c'est le divertissement elle est lumière et exaltation sur fond de noir, de néant, de disparition prochaine. Le contraire de la fête, l'enfer de l'absence de fête, c'est sans doute, en contrepoint, l'épisode de la visite à Mme V. Cette veuve aux yeux rougis est une figure de désespoir, et la brusque intrusion de Langlois dans une quotidienneté sans joie le situe peut?être à la source même de ce qui a été chez besoin à tout prix de divertissement, le divertissement suprême étant le meurtre. Car le thème central du roman est, bien sûr, l'ennui, cet ennui que Langlois cherche secrètement à conjurer par une surenchère de fêtes et de cérémonies. Pour peindre cette vacuité, le narrateur évoque aussi bien le silence engourdi des campagnes pp. 15-16 que les rituels par lesquels le héros prétend y échapper chasse au loup, repas chez Mme Tim, messe de minuit réduite à son esthétique... Le lecteur ne dispose que de quelques notations brèves pour mesurer le sens de cette agitation et aussi son échec "L'homme dit que la vie est extrêmement courte." p. 223. Par là, le roman touche à la métaphysique. Loin de proposer à l'ennui qui ronge l'humanité la solution pascalienne, qui ne saurait résider que dans la foi, Giono se limite à l'évocation d'une recherche jamais assouvie de tout ce qui peut le conjurer, fût-ce le meurtre. Mais on ne peut parler ici d'une vision tragique de l'existence car, dans Un Roi, outre une illustration métaphorique de la condition humaine, on retiendra surtout le mélange d'amusement et de monstruosité. Giono écrivait le 12 avril 1946, probablement à propos du Hussard sur le toit "Je manque totalement d'esprit critique. Mes compositions sont monstrueuses et c'est le monstrueux qui m'attire. Pourquoi ne pas lâcher la bride et faire de nécessité vertu ?". Se divertir avec du monstrueux ? Une certaine provocation n'est pas absente de cette intention, d'autant que le narrateur d'Un Roi nous invite souvent à considérer que et Langlois sont "des hommes comme les autres". Simplement, nous ne disposons pas du même système de mesures pour en juger. De ces deux personnages, il importe en tout cas de souligner le naturel, ce goût pour les "choses non geignardes", comme Giono le note dans Noé, qui nous empêche de parler de registre tragique, encore moins de pathétique "Les hommes comme Langlois n'ont pas la terreur d'être solitaires. Ils ont ce que j'appelle un grand naturel. Il n'est pas question pour eux de savoir s'ils aiment ou s'ils ne peuvent pas supporter la solitude, la solitude est dans leur sang, comme dans le sang de tout le monde, mais eux n'en font pas un plat à déguster avec le voisin" Noé.
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Racheter une batte neuve. Entreprendre de faire les comptes du dernier mois pour voir si le dernier fournisseur a pas tenté de faire une escroquerie foireuse. Faire comprendre à ces nigauds l'absence prévue à leur prochaine sauterie de débauchés complètement paumés. ClicAller voir quelqu'un pour changer la cymbale crash cassée. Prévenir les voisins du dessous qu'ils n'auront plus à cracher des insanités infantiles à travers leur plafond tant que la batterie ne sera pas réparée. Refaire un tour à l'ANPE pour voir si les classeurs et les ordinateurs voleront dès que le pas de la porte sera franchi. Donner aimablement son CV à n'importe quel commerce avant d'avoir la culpabilité de celui qui aurait gâché du papier donc abattu des centaines d'arbres pour rien. ClicRecommencer à zéro sa partie de Skyrim. Compter les pièces dans le bocal à centimes trop grand pour son contenu. Regarder le foot alors que c'est terriblement ennuyeux. Jeter enfin toutes les sauces périmées qui prennent plus de place dans le frigo que tout le reste. Battre son record de 6 secondes d'écoute de Nyan Cat. Se couper les cheveux les yeux fermés. Lancer le chat de la voisine par la fenêtre. Insulter les passants. Se jeter la tête la première dans le peu de neige qui prendre un café. Toutes les raisons sont bonnes à prendre pour détourner son attention de quelque chose qu'on ne veut pas voir ou accepter. C'est un petit truc de personnes de mauvaise foi. Tout un art de vivre. Esquiver la vérité c'est assez marrant au fond, mais ça ne l'est qu'au début. Après, c'est toute une sorte de culpabilité idiote qui retombe sur le crane. On peut très bien penser à n'importe quoi, même si ça n'a pas de sens, tant que ça permet d'éviter les problèmes pour quelques minutes. C'est un peu – carrément – l'image du type qui admire le bal aérien d'une mouche au lieu d'écouter les sermons de l'autre mec. De toutes façons, avoir la force de regarder les choses en face, c'est souvent quelque chose qui demande trop de courage. Pardon? Aber avoir du courage? La bonne blague. Lui, on peut le mettre devant une poignée de gars armés jusqu'au dents, devant un psychopathe cannibale, devant sa voisine de 120 ans et son chien, devant une mygale géante style Harry Potter, devant une centaine de policiers aux pistolets braqués sur lui, devant un tsunami, devant l'apocalypse, rien ne lui fera peur. Rien. A part une chose. Une chose dont personne n'a peur, a part lui. Cette toute petite chose certainement inoffensive et qui aurait autant de force dans les poings qu'un petit chat. Cette chose aux cheveux roses et à la dégaine gracieuse qui se balade derrière les photographes depuis tout à l'heure. Des tas de gens se demandent pourquoi Aber n'est jamais entouré. De nanas, bien évidemment. Souvent, ses potes le taquinent en lui rappelant qu'il a une peur bleue des femmes. Ce n'est absolument pas vrai, non. Mais pourquoi ne le voit-on jamais en approcher une seule dans ce cas? Et pourquoi rejeter toutes ces bombes atomiques qui se jettent sur lui avec tant d'ardeur et de passion, la jupe raccourcie et le décolleté baissé? Non non, il les rejette pas! En tout cas il s'en rend pas compte. Les meufs, ça a toujours été le dernier de ces soucis, toujours. De toutes façons, il a jamais reçu le mode d'utilisation, il ne sait logiquement pas s'en servir. Bien évidemment, les coups de matraque dans la figure des copains a toujours été plus rigolo que n'importe quoi d'autre. Alors à quoi ça sert de chercher désespérément à faire semblant d'être un bon gros macho alors qu'on en a rien a foutre? Aber préférait la solitude, au sens sentimental bien sûr. Quoique. Depuis qu'il était ici, à Thunder Bay, il a découvert les joies d'être absolument tout seul. A la fac, ce n'étaient que des amis de façade. Vous savez, ceux avec qui on ne traine que pour être accompagné au self et pour fumer n'importe quel pilon qui passe par là. Un bon gros cliché de l'étudiant comme Aber les aime, cependant ça lui faisait passer le temps. Vaguer de petits boulots en petits boulots rapidement lui permettait aussi de ne pas trop s'attacher à ses collègues. Malheureusement pour lui, ça faisait quelques temps qu'il avait un petit job où il devait se rendre régulièrement mannequin pour Pimp My Clothes. Mais qui dit job dit collègues, et qui dit régulièrement dit... régulièrement. C'est donc régulièrement qu'il voit les même têtes lui adresser plus ou moins de signes amicaux ou même simplement cordiaux. Et régulièrement il a cette drôle de gêne quand la boss vient lui en adresser un à son tour. Oh, rien de très méchant. Juste psychologique. Ouais, c'est ça. Le réel soucis ne vient pas de son envie d'être seul. Absolument pas même. En tout cas, depuis qu'il est ici, à Thunder Bay. Avant, ça ne s'était jamais manifesté. C'est vrai que l'envie lui prend souvent maintenant de s'isoler pour se plonger dans de profondes réflexions sur des sujets allant du sens de la vie sur Terre à la couleur rose des rouleaux de pq. Mais ce n'est pas la raison la plus importante. Arriver dans une grande ville, en tout cas qui a moins l'air d'une banlieue puante, c'est difficile. En fait, c'est difficile de s'intégrer. Il aurait dû y penser avant de se faire tous ces tatouages à la con qui lui montent jusqu'aux narines. Trouver un emploi et même une vie sociale dans un endroit où chaque passant te regarde comme si vous étiez une bête de foire, c'est pas funfun tous les jours. Encore, dans son bled paumé on le regardait mais on souriait, ici les gens sont plutôt du style à regarder bizarrement puis à déblatérer des injures ou sembler complètement outré. Autant dire que pour prendre le métro ou se balader dans les rues bondées, c'est assez cocasse. Ça fait un peu le même effet que d'être le seul être humain sain au milieu de zombies qui se retiennent de vous dévorer. Heureusement qu'il existe tout de même ceux qui ont de la retenue, et parfois même tentent de faire ami-ami avec lui. Oui c'est bien beau, sauf que l'autre problème, c'est les mœurs. A quoi bon se forcer de se lier avec quelqu'un qui fait tressaillir rien qu'à être regardé? Pourtant il n'a pas de quoi faire peur avec ses bras plus fins que des allumettes. A Thunder Bay sont donc rares les personnes qui ont respecté les choix d'Aber et qui lui accordent même de la sympathie. Quatre ou cinq personnes qu'il a rencontré ici et là, un peu plus ouverts d'esprit que les autres, mais bon, pas de quoi en faire des meilleurs amis pour la vie. Et puis avec un tel passé et un caractère aussi merdique, c'est dur dans le faire dans le relationnel pour ce petit bout d'homme. Mais en ne tentant rien, on a c'est en ne tentant rien que finalement il a eu quelque chose – il faut bien contredire les règles un peu, oh! Il y avait plusieurs choses qui retenait Aber à vivre dans cet endroit puant les préjugés comme dans beaucoup de grandes villes il avait l'espoir qu'un de ces CV envoyés soit retenu, il avait son appart', personne le faisait chier pour aller taper de la racaille, il neigeait souvent, aucune dépendance financière vis-à-vis de sa famille... Et puis surtout, surtout, il y avait elle. La fille aux cheveux roses. La nana qui n'a jamais de temps pour personne à part pour ses mannequins – de couture bien évidemment. Celle qui a toujours l'air pressée, oppressée même, qui a besoin de souffler. Celle qui fait les cent pas derrière les photographes en train de se mordiller les ongles. Celle qui a ses traits fins déformés par l'angoisse et le stress. Cette femme qui a tendance à dire tout le monde dehors, merci, au revoir» avant même que vous ayez pu en placer une. Jamais on peut prendre le temps avec elle. Le temps de changer de tenue pour la photo suivante ou de prendre son courage à deux mains pour lui dire quoi que ce soit. Stop, c'est la boss quand même, c'est un niveau au dessus, voir plus, beaucoup plus. Et apparemment, tout va trop vite avec elle, et dès le premier contact, elle nous emporte dans sa vitesse sans même qu'on se rende compte de quoi que ce soit. On a la tête en feu et on sent son cœur battre trop fort. Aber sursauta. Il ne sut pas si c'était dû à la chaleur qui venait picoter ses joues glacées ou à autre chose. Il s'aperçut bien vite qu'il bouchait l'entrée du café en entendant une petite voix polie lui demander ce qu'il se passait. Après être resté 2 bonnes secondes figé sur place, suscitant la curiosité de quelques clients, il se décala pour laisser passer la jeune fille. Il avait quasiment zappé qu'est-ce qu'il venait faire ici ni ce qu'il fit pendant la demi-heure qui précéda. Mais lorsqu'il vit ce visage candide aux joues rosées comme une poupée l'interroger du regard, il reprit vite ses esprits. "Ah oui, euhm... J'ai l'habitude de me mettre à cette table, ça vous conviens? "Dieu, merci d'avoir accordé au petit Aber le courage qu'il faut pour inviter sa boss à prendre un café. Et puis avec Tatiana, aucune chance que ça tourne mal. A moins qu'il ne se rétame en marchant sur ses lacets, comme il manqua de le faire en tirant sa chaise. Tatiana Cuplle ♠ AGE 33♠ COPYRIGHT Shey♠ STATUT SOCIAL Seule♠ EMPLOI/LOISIRS StylisteSujet Re "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana Jeu 15 Mar - 1356 Tout était prêt. Elle avait droit à un peu de liberté l'espace d'une ridicule petite semaine. Le défilé était programmé, les tenues terminées, au détail près. Le planning était fixé, parfait, réglé à la minute, voire à la seconde. Il ne restait plus qu'à attendre le jour-J. Jour-J qui approchait à grand pas. Pourtant, cette semaine paraissait infiniment longue. C'était horrible pour Tatiana. Elle avait l'habitude de bouger sans cesse, de crouler sous la tonne de travail, sous le stress, l'angoisse. Elle allait vite, elle avait un rythme de vie que peu de gens arrivaient à supporter, même à New-York. Comparatif très mal placé étant donné que la jeune styliste est originaire du New-Jersey, et que les habitants de cette petite bourgade vomissent 45 fois à l'entente du mot New-York ». Les premières minutes après avoir bouclé les derniers détails pour la présentation de sa collection, elle s'était sentie libérée, un poids en moins sur les épaules et dans la poitrine. Pourtant, ce sentiment laissa vite place à l'ennui et l'impatience. Ensuite, la nervosité. La nervosité et la peur. Peur de mal faire, que tout aille de travers, que la technique faille, que des mannequins se désistent et/ou tombent malades, que des tenues manquent... Bref, tout ce qui pourrait faire de ce défilé un enfer ! Les premiers jours de congé, c'est toujours génial. On fait tout ce qu'on ne peut faire d'habitude, par manque de temps. On s'amuse, on profite. Et puis les jours finissent par se ressembler, on repense au travail. C'est pas que ça nous manque, c'est plutôt que c'est anormal de ne pas travailler. L'impression de prendre du retard, de négliger des choses importantes. Oui, Tatiana était un peu un bourreau de travail, mais après quelques années, c'était un automatisme qu'elle ne pouvait plus repousser. Pourtant, elle s'était promise qu'après cette collection, après l'ouverture de sa boutique, elle ne dessinerait plus avant un bon moment. Enchainer collection sur collection, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux. Ni pour le business, ni pour la santé. En presque deux ans, elle avait tout donné. Elle s'était faite une place, elle avait trouvé le moyen de créer sa première collection. Elle l'avait créée, promotionnée et vendue. Vendue dans le monde entier. Elle avait ensuite repris les rennes sans perdre de temps, passant des nuits entières à dessiner, elle avait repris le flambeau et mis toute son énergie dans la seconde collection. Dénichant à la fois de nouveaux mannequins, de nouveaux adeptes, de nouveaux collègues, de nouveaux photographes et j'en passe. Une fois de plus, ces vêtements, pour la plupart allaient être produits en grande quantité et vendu à travers le monde. Elle devait s'assurer du bon fonctionnement de la manoeuvre. Ensuite, sa boutique était en travaux, bientôt terminée aussi. Et c'est elle qui en serait la première vendeuse pour démarrer. Elle n'avait pas encore ni les moyens, ni le courage de recruter des vendeurs. Elle préférait donc se consacrer à son magasin un long moment, continuant à créer par petite dose. Non seulement ça allégerait le travail et le stress, mais surtout, ça comblerait le manque de mouvements, l'hyperactivité de cette petite boule de nerfs. Elle avait aussi dans l'espoir de reprendre une vie sociale un peu plus normale, d'adopter des horaires de base et de pouvoir recommencer à sortir le vendredi soir, rencontrer des gens, et qui sait, entretenir une relation en parlant de vie sociale, elle avait repris quelques activités banales mais bénéfiques durant cette semaine. Elle avait eu la possibilité de revoir l'une ou l'autre amie de longue date, autour d'un café, une petite sortie au bowling et un restaurant en compagnie d'amis proches de la fac. Oui, il fallait l'avouer, la vie normale, c'était ça. Travailler, certes, mais aussi consacrer du temps au plaisir, à a distraction, consacrer du temps à des amis, à des personnes chères. Le restaurant, elle n'y avait plus été depuis... Et bien sans doute depuis son arrivée à Thunder Bay. De même pour le bowling. A vrai dire, ça, elle n'y jouait jamais beaucoup, elle arrivait à peine à tenir la boule... Et une fois qu'elle la lançait, celle-ci faisait direction gouttière, ça faisait rire tout le monde. Oui, tout le monde. Un jour, alors qu'elle clôturait sa dernière semaine de travail, qu'elle donnait une petite enveloppe supplémentaire à chaque mannequin, l'un de ceux-ci lui fit une proposition qui l'étonna pas mal. En effet, Aber Sparks lui avait proposé d'aller boire un café. Elle avait accepté, un peu désorientée, pensant surtout qu'ils devraient y parler affaires. Peut-être qu'Aber comptait s'en aller ou ne pourrait plus venir aussi régulièrement et qu'il préférait en parler en privé, pour être certain qu'elle lui accorde le temps nécessaire. Elle ne posa donc aucune question et accepta en souriant, fixant le rendez-vous dans son portable-ordinateur-agenda-supersonic. En effet, Tatiana, on ne pouvait jamais vraiment l'attraper pour lui parler d'un sujet sérieux, surtout pas au travail. Elle était trop occupée, trop dans ses pensées, trop carrée. Si quelque chose ou quelqu'un venait contrecarrer ses plans, si une minute était laissée au hasard, à vos risques et périls. Au mieux elle vous remballait gentiment, ou faisait semblant de vous écouter, oubliant à la seconde même ce que vous veniez de dire. Au pire, vous aviez droit à un regard mitrailleur, un ton sec et peu agréable pour vous dire d'aller voir ailleurs si elle y était, et de vous bouger un peu plus les fesses si vous vouliez rester dans son équipe. Heureusement, Aber avait eu l'intelligence de l'attraper en fin de semaine et au début d'une autre qui s'annonçait libre. Certes, cela prit trois minutes tout au plus, le temps de noter le jour, l'heure et le lieu, mais il avait eu l'intelligence ou juste la chance de tomber au bon moment. D'ailleurs, il avait du réfléchir des jours entiers pour tomber pile. Il avait du se désister pas mal aussi, tâtonnant le moment aujourd'hui qu'elle avait rendez-vous avec ce jeune homme. Ah oui, Aber qui est-ce ? Et bien Aber,c'était l'un de ses mannequin. Elle l'avait recherché, celui-là. Enfin, pas lui en particulier. Elle avait surtout besoin de garçons au style particulier afin de poser pour les vêtements les plus rock » de sa collection. Elle avait contacté quelques agences en vain. En effet, les mannequins masculins étaient plutôt du genre minet, bien sages, bien proprets. Un peu Ken », un peu trop parfaits et dénotant fortement avec les vêtements qu'ils devaient porter. C'est alors qu'un jour, une agence lui passa un coup de fil. Ils avaient quelqu'un à lui proposer, seul problème, il n'était pas engagé dans l'agence. Il avait été refusé, ne correspondant pas à leurs critères. Elle avait alors demandé à voir des photos de ce jeune homme, apparemment d'une vingtaine d'années. Il ne fallut pas moins de deux minutes à la jeune créatrice pour se dire qu'elle le voulait. De plus, elle crut bien le reconnaître. Ce gars était avec elle à la fac. Ils ne s'étaient jamais réellement parlé, mais elle l'avait toujours remarqué. Comment faire autrement, de toute façon. Il correspondait parfaitement à ses recherches. Tatoué, plutôt beau gosse, cheveux mi-longs, regard profond, bien formé, ni trop grand, ni trop petit. Elle prit donc les coordonnées et contacta ce modèle. Après toutes les conventions habituelles, il était devenu son premier, et quasiment seul mannequin aussi particulier. Tatoué de haut en bas, de long en large, peu d'autres avaient eu le courage de se faire colorier à ce point. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle en était fière de ce mec. Il travaillait bien, elle n'avait jamais du le recadrer, il faisait ce qu'elle demandait, parfois même sans qu'elle ait à le demander. Un élève assidu ! Faisait-elle aussi peur que cela ? Les photographes en étaient tout aussi satisfaits d'ailleurs. Souvent, il lui arrivait de rester un peu plus longtemps ou de ne jamais s'en aller quand tout allait de travers et qu'il fallait rester une heure de plus. C'est pour ça qu'elle avait décidé de lui verser une prime en fin de semaine, de temps en temps. Après tout, tout travail mérite salaire !Après son rituel habituel café-clope-douche-habillage-coiffage-maquillage, elle était prête pour son rendez-vous, professionnel à la base, donc. Au fond d'elle, l'angoisse qu'il lui annonce son départ, était présente. Il aurait été une grande perte pour sa société, et cela impliquerait une nouvelle recherche pour le remplacer, trouver quelqu'un d'aussi original était loin d'être simple. Elle avait même songé, durant la nuit, à lui augmenter sa paie, si le problème se trouvait là. S'il avait trouvé mieux ailleurs, elle pouvait faire concurrence. Ou bien diminuer la fréquence des shoots, bien qu'il était libre de venir quand il le souhaitait, vu qu'il était payé à la séance. Vêtue d'un long t-shirt imprimé, de collants à carreaux rouges et d'une petite veste poilue, ainsi que de bottines noires. Coiffée simplement, les cheveux lâchés, et maquillée comme à son habitude, Tatiana se rendit au Starbucks où elle devait rejoindre Aber. La neige fondait de plus en plus, le soleil perçait les nuages mais sans pour autant réchauffer. Ceci dit, cela égayait son humeur et elle avait le sentiment que ça faisait le même effet sur tout le arriva à bon port après une bonne dizaine de minutes. Aber était déjà là, planté debout, l'air hagard. Elle espérait ne pas l'avoir fait attendre trop longtemps. Elle s'approcha sans trop se soucier de son air bizarre et prit la Salut Aber ! Désolée si je t'ai fait attendre ! J'ai pas de talons aujourd'hui, je marche plus lentement quand je suis à plat. J'espère que tu vas bien ?Pas de réponse. Certes elle était petite, mais au point de ne pas la voir ? Elle posa alors ses yeux sur lui, sans trop comprendre. Elle se racla la gorge, avant qu'il reprenne ses esprits. Il semblait revenir de Ah oui, euhm... J'ai l'habitude de me mettre à cette table, ça vous convient ?Elle sourit et prit place sur la chaise en face de lui, posa son sac à ses pieds et retira sa veste, dans un soupire, un peu comme lorsqu'on est pressé et qu'on peut enfin se Pas de soucis, oh et puis tutoies moi. C'est Tatiana, pas madame. Je sais que tu bosses pour moi mais j'ai ton âge et on se connait de la fac, détends-toi !Elle posa ses mains sur la petite table, le portable posé juste à côté, au cas où un appel important pointerait le bout de son Alors, tu dois me parler d'un truc en particulier ? Je t'en supplie, me dit pas que tu veux arrêter de bosser avec moi. J'ai besoin de toi, surtout à l'approche du qu'elle était ici pour parler affaires, elle avait tout de suite entamé le sujet, sans même laisser Aber en placer une. Cette mauvaise manie qu'elle avait de tout faire rapidement. Elle n'avait même pas pensé à commander à boire. Son esprit était vraiment formaté, il faudrait remédier à ça. Aber Sparks ♠ AGE 31♠ COPYRIGHT Drey / Tumblr♠ STATUT SOCIAL Alone. ♠ EMPLOI/LOISIRS Sans emploi / truandSujet Re "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana Lun 19 Mar - 1148 Ses doigts longs et fins s'étiraient sur la table, tout comme ceux de la demoiselle d'en face, parsemés de bagues plus fantaisistes les unes que les autres. L'une représentait une croix latine à l'horizontale s'étalant sur deux doigts, une autre, sur son index gauche, une tête de hiboux, à l'un de ses majeurs un petit anneau en perles de rocaille multicolores.. Et il y avait, entre elles, une qui faisait ressortir de manière délicate la candeur de sa peau. L'annulaire droit de la jeune fille était enlacé d'un anneau doré sur lequel était dressé un masque vénitien miniature, tout de blanc et de noir. Elle était d'une finesse incroyable, qui frappait même Aber, l'éternel insensible aux arts. Des courbes d'or encadraient le visage dont seuls les yeux, entièrement noirs, ressortaient. Ils semblaient donner une âme à ce minuscule personnage, une profondeur qui laissait bien des personnes perplexes. Un bijou mystérieux, qu'il reconnut aussitôt. Cette bague, elle la portait déjà à la après-midis allongé dans l'herbe du parc, au soleil. Les joies du penspinning et du coloriage au bic des tatouages pas encore remplis, pendant les cours. Le bruit assourdissant de la cloche qui devait avoir une bonne centaine d'année et toujours pas changée. Les regards curieux qui volent de personnes en personnes. L'odeur de beuh mélangée à celle de transpiration des élèves. Les crissements des chaussures écrasant le lino des couloirs ou celui de la craie résonnant dans tout l'amphi. Les baguettes de mauvaise qualité qui se brisaient à la moindre occasion. La voix criarde de la prof d'histoire de la musique et son Levi's qu'elle remontait jusqu'à son nombril. Les nombreux bouquins de Paul Valéry ou de Paulo Coelho dévorés avec passion. L'insonorisation défectueuse des salles et la honte ressentie lorsqu'on fait une faute de rythme et que tout le bahut l'entend. La coupe de cheveux pas très naturelle du proviseur et son costume trop petit pour son ventre d'homme de la cinquantaine. Le poids insupportable des partitions pesant dans le sac à dos miteux. Cette furent les quelques détails dont se souvint Aber de son séjour à la fac d'arts. Malgré son amour pour la batterie, on ne peut pas dire qu'il fut très attentif aux cours. Ça ne le passionnait pas vraiment. Tout ce qui l'intéressait, c'était d'apprendre à jouer plus efficacement et plus vite, non pas de savoir si la cymbale ride est importante ou pas dans le jazz. Et toutes les autres matières, on peut dire qu'il s'en foutait éperdument. Il savait que ça ne lui apporterait rien dans la vie, même pas de quoi entretenir une discussion, à part si c'est avec un psychopathe mordu de Beethoven capable de disserter sur la manière dont il a évolué vers le romantisme musical. Du coup, il passait quelques heures, de temps en temps, à flâner dans les couloirs et aux alentours de l'école, seul, au lieu d'être gentiment assis à hocher la tête sur les phrases soporifiques des professeurs. Il aimait profiter de cette solitude, si rare pour lui. Il en profitait pour inspecter la décoration négligée du bâtiment, observer les étudiants en pleine concentration par une fenêtre, écouter le silence régnant. Cependant, s'il s'approchait d'une porte qui cachait des musiciens jouant un air qui lui plaisait, il s'asseyait contre celle-ci un moment pour laisser son esprit s'évader. C'était son petit plaisir de fac. La solitude. Évidemment des moments comme ceux-ci, ça ne dure pas éternellement. Avant même que la cloche ne sonne, la salle d'en face laissait s'échapper quelques élèves. Apparemment, ils sortaient de cours de photo, vu les sacs encombrants qui chargeaient leurs bras. Tous se dispersaient, en groupe, avec des j'ai faim» ou des on passe chercher à manger?» ponctuant leurs phrases. Ça voulait dire qu'il sera bientôt temps pour Aber de se lever et rejoindre ses "amis" pour aller déjeuner. Et que la musique de l'autre coté de la porte sera voilée par le boucan des élèves puis s'éteindra. Sauf qu'il n'avait pas envie de se bouger. Comme un enfant, il voulait retarder au possible le moment de se lever. La jeune fille qui s'avança vers lui ne devait pas être du même avis. Il la reconnut aussitôt, dès qu'elle lui tendit sa toute petite main. Veux-tu te lever? On va t'écraser si tu restes ici! ». Son rire cristallin décrochait un petit sourire à Aber. Il avait rarement l'occasion de l'entendre. Le fait qu'ils ne soient pas si proches que ça devait y être pour beaucoup. Il aurait aimé devenir ami avec elle, c'est plutôt rare de voir quelqu'un comme ça dans les environs. Avec elle, il se sentait déjà un peu moins.. seul. Quelle jolie Pas de soucis, oh et puis tutoies moi. C'est Tatiana, pas madame. Je sais que tu bosses pour moi mais j'ai ton âge et on se connait de la fac, détends-toi !Tu ne crois pas si bien dire. - Alors, tu dois me parler d'un truc en particulier? Je t'en supplie, ne me dis pas que tu veux arrêter de bosser avec moi. J'ai besoin de toi, surtout à l'approche du leva ses yeux de la bague pour regarder son interlocutrice avec un air profondément stupide. Il était on ne peut plus offensé. Certes, elle ne pouvait pas deviner qu'il était vexé, mais elle ne pouvait pas non plus deviner pourquoi il l'avait invitée. Il la fixa une bonne poignée de secondes, les yeux ronds comme des billes, avant d'essayer de reprendre sur un ton de conversation Mais qu'est-ce que quoi? Est-ce que hein mais non!Désespéré, il mit son visage dans ses mains. Mais pourquoi est-ce qu'il n'arrivait pas à parler comme une personne civilisée dès qu'il était en présence de Tatiana? Bonne question. Lui-même n'avait pas la réponse. En tout cas une chose est sûre, c'est qu'elle devait à présent le considérer comme un autiste en puissance. D'abord, il faut savoir pourquoi il lui a proposé une telle chose. Ça aussi, c'était un mystère pour lui. Peut-être était-ce pour faire plus ample connaissance? Ou alors en souvenir des années de fac, même s'ils ne se connaissaient à peine? Sinon c'était pour parler de tout et de rien, juste pour en savoir un petit peu plus sur sa vie? Ou pour avoir l'occasion de ne l'avoir pour lui, rien que pour lui, sans les photographes et les autres mannequins qui rôdent autour? Pour pouvoir admirer ses cheveux roses encadrant son visage d'ange? Aucune idée. Ni pour elle, ni pour lui. Mais ce n'était certainement pas pour parler boulot, ça il en était sûr. Il écarta les doigts pour entrevoir l'expression qu'elle devait afficher. Elle avait l'air aussi perdue que lui. Rassemblant son calme et son courage, il fit baisser un petit peu sa tension artérielle. Ça a le don de lui faire du bien. Se redressant, il se racla la Se désister? Voyons, absolument pas! Faudrait être malade ouais. Mais non, ça ne m'avait pas du tout effleuré l' le vouloir, un sourire en coin apparut sur son visage. C'est bien de réussir à se décoincer. Il toisa la jeune fille quelques secondes, le temps de penser à un quelque chose qui, dans une situation telle que la sienne, voudrait démissionner? On ne peut pas dire qu'il a un grand nom dans ce milieu, mais des centaines voir des milliers de gens tueraient pour être à sa place. Pour être mannequin en tout cas. Et pour un over-tatoué, c'est d'autant plus difficile. Jamais il n'eut de remarque désagréable sur sa façon de se tenir ou de poser. C'est plutôt bien pour quelqu'un qui porte autant la poisse. Il aimait d'ailleurs cette sorte de liberté dans ce que lui offrait Tatiana tu viens une ou deux fois pas mois environ pour porter des tenues loufoques, et je te donne plus que ton salaire. Aucune condition, pas de délais à la con, ni d'horaires bizarroïdes. Fais juste l'égocentrique et c'est le jackpot. Easy life, comme on dit là-bas. Qui, d'ailleurs, voudrait démissionner d'un job dont le patron est une jeune fille absolument sublime, intelligente et drôle? Surement pas Aber. Mais ça, il sait pas trop pourquoi. Il est un peu lent. Tout ce qu'il sait, c'est que se rendre sur son lieu de travail, c'est son petit plaisir. Sans ça, peut-être qu'il aurait quitté la ville depuis longtemps sans compter le fait qu'il se serait senti encore plus seul à être l'unique personne ayant des pouvoir étranges dans les 50 kilomètres à la ronde. Le loyer était immensément cher, les gens souvent désagréables, le temps pourri, et les automobilistes de vrais chauffards. Mais dès qu'il passait le pas de la porte du studio, il y avait cette odeur de café, de vieux vêtements vintage, et de parfum féminin. C'était celui de Tatiana, qui sourit de toutes ses dents pour l'accueillir, vêtue d'une robe plus fantaisiste à chaque fois. C'était ça, son petit plaisir. Ce sourire. Il reposa les yeux sur les mains de la jeune fille. Tout ce qu'elle tenait, c'était son téléphone. Elle semblait le regarder avec de tout aussi grand yeux. Elle avait surement remarqué qu'il était parti loin, très loin. Assez loin pour oublier d'aller prendre à boire. Boulette. Il se leva le plus naturellement possible pour aller réparer ça. Il compta une petite dizaine d'euros dans le fond de sa poche pour anticiper. Décidément, il fallait qu'il refasse un tour à la banque, à moins qu'elle ne le boude encore. - J'ai totalement oublié, vous... merde. Tu veux quelque chose à boire? Je te le rapporte, j'en ai pour deux minutes. Il s'écarta de la table de quelques pas, remarquant avec agacement la file d'attente qui s'étendait hors du café. Puis il s'arrêta net, comme un automate en panne. Il avait sans doute loupé quelque chose. En bonne poire qu'il est, il doit y avoir une douille quelque part... Il revint sur ses pas et posa une main sur la table. D'un air inquiet, il interrogea Tatiana du regard, mais d'une manière on ne peut plus sérieuse. - A moins que... tu veuilles me virer?Son teint avait tourné au vert. Alors ça, il en était pas question. Il fallait lui passer sur le corps pour le détacher de ce boulot. Et il ne voulait pas arrêter de la voir. Ah ça, c'était vraiment pas possible. Non, pas possible. Désolé. Tatiana Cuplle ♠ AGE 33♠ COPYRIGHT Shey♠ STATUT SOCIAL Seule♠ EMPLOI/LOISIRS StylisteSujet Re "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana Lun 19 Mar - 2004 Les yeux d'Aber. Il y avait tellement de choses à dire sur ces deux-là. La première chose était qu'ils se laissaient rapidement distraire, qu'ils partaient loin, très loin, on ne sait où. Déjà en arrivant, elle les avaient surpris guetter le vide. Elle aurait presque pu voir défiler devant eux, un voile de souvenirs dansant, virevoltant à gauche et à droite. Ici encore, ils s'attardaient sur ses doigts fins et blancs, ou plutôt sur les bagues multiples qu'elles portaient toujours. Elle s'attarda un instant sur son regard, il semblait se porter sur le petit masque vénitien. Elle n'en n'était pas certaine mais elle en était quasiment sûre. Il avait ce don d'hypnotiser un peu près toutes les personnes qu'elle rencontrait. Tatiana s'était déjà posé la question de savoir si elle avait un pouvoir magique, un VRAI pouvoir magique. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle traînait cette bague au même doigt et ce, depuis des années. Elle ne l'avait jamais, jamais retirée. Même pour se laver, elle restait bien accrochée. J'aurais bien aimé tomber dans le mélodramatique, vous dire que c'était son père qui lui avait offert cette bague si précieuse, alors qu'elle était encore au lycée. Aussi, que cette bague, il la tenait de sa propre mère et que comme Tatiana était son unique fille, il lui devait. J'aurais pu vous dire aussi qu'elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux -ce qui n'est pas tout à fait faux, et qu'elle la caressait parfois inconsciemment en se remémorant le bon souvenir de son paternel. Or, cette bague n'avait aucune histoire, si je peux dire ça comme ça. Elle en avait sûrement une, en fait, quand j'y pense. Bref. Tatiana, qui aimait beaucoup fouiner, traîner sur des marchés, des brocantes, des friperies et tout ce genre de lieux poussiéreux, avait trouvé cette bague sur une brocante. Elle l'avait eue pour pas grand chose. Elle se souvient, du haut de ses 16 ans, à tout casser, se promener au milieu de tous ces vieux aux vestons bruns et poussiéreux, aux pantalons usés au fesses et aux chaussures bien cirées. Ou de pantoufles pour d'autres. Elle avait déjà un sac bien rempli de choses et d'autres, de vieux disques, de froufrous parfumés à l'odeur de cave, et de trucs par ci, par là qu'elle avait trouvé sympa pour très peu d'argent. Elle se souvient très bien de cette vieille dame au visage marqué par le temps, particulièrement par les rides. Cette petite bonne femme aux cheveux blancs, un peu rondelette, assise sur une chaise basique comme celles qu'on utilise à la plage. Juste quelques barres de métal et du tissu pour nous tenir les fesses et le dos. Cette dame avait un des plus grands étalages de toute la brocante ! Elle avait de tout, du plus original au plus banal, du plus vieux au plus récent, du plus petit au plus grand. Et au milieu de tout ce bazar, cette bague. Elle avait été comme un appel pour Tatiana. Sans doute à cause de son goût pour l'art, oui. Puis elle était tellement belle. Elle scintillait au soleil, elle inspirait des sentiments tellement profonds. La jeune fille était restée là à la contempler de longues minutes. Elle semblait avoir vécu mais elle était toujours tellement...parfaite ! C'est alors que la petite dame s'était approchée en souriant elle vous plait mademoiselle ? ». Tatiana avait sursauté, et en reprenant ses esprits, avait confirmé. Lui plaire ? C'était bien plus que ça. Il ne fallut pas plus de deux minutes pour que Tat' l'enfile à son doigt et parte avec. Prenez-en soin, vous avez beaucoup de chance de l'avoir. » avait ajouté la vendeuse. Tat', intriguée, lui avait demandé pourquoi avait-elle de la chance. C'est vous qu'elle attendait jeune fille... ». A croire qu'elle attendait de rencontrer Aber aussi, vu depuis combien de temps il était absorbé par les courbes généreuses de ce masque. Dans les yeux d'Aber, il n'y avait pas que cet air un peu idiot, un peu maladroit. Oh non, Tat' avait vu bien plus loin que ça. En effet, elle ne le connaissait pas fort bien, même à la fac, c'était plutôt de la courtoisie, des sourires discrets et polis. Des regards de loin, rarement échangés avec franchise. Non seulement, elle était un peu timide, mais lui aussi avait l'air de ne pas toujours se sentir à l'aise dans ses bottes en sa présence. L'intimider ? Non, se disait-elle. Il devait falloir bien plus que ça pour intimider un beau gars baraqué comme lui. Ce n'était pas Tatiana miss froufrous, qui se casse un os à la première tape amicale qui pouvait intimider ce gars là. Pourtant, elle ne le voyait pas comme une brute. Il lui semblait doux et tendre. On ne pouvait pas dire qu'ils avaient déjà eu de quelconques gestes pour se le prouver. Elle le voyait dans ses yeux. Peut-être parce-qu'elle était une fille, sa patronne... Elle n'en savait rien du tout. Elle avait déjà observé ses regards un peu perdus quand elle donnait des instructions carrées et rapides, ou quand il devait enfiler un vêtements un peu farfelu, ne sachant pas où passer sa tête, où passer ses bras. Combien de fois il l'avait déjà fait rire avec ce petit air presque niais. Un peu comme un gosse qui se fait donner une leçon par un grand, comme si cette minette lui apprenait des choses à chaque fois qu'ils se voyaient. Comme elle le connaissait peu, elle n'avançait rien de tout ce qu'elle croyait déceler dans ces jolis yeux marrons. Elle y voyait un lourd vécu, un lourd passé. Pas de tristesse, pas d'ennui, non plus. En fait, de tous les mannequins présents dans le studio à chaque fois, c'était Aber le plus vivant, le plus naturel. Les filles avaient le don d'agacer Tat', avec ce regard vide, ces yeux de poisson, dénués de sentiments. Elles ne s'amusaient même pas dans leur travail, c'était triste ! De vraies machines. Parfaites dans leur tenues, dans leur capacité à recevoir des ordres, mais des machines. Il n'y avait pas d'autres mots. Les yeux d'Aber la rassuraient et l'enveloppaient d'amour à chaque fois qu'elle perdait qu'elle le vit reprendre ses esprits, ainsi que se cacher dans ses mains, elle ne pu retenir un rire. Doux, discret, qui disait à Aber qu'il était fou. Fou, d'une folie gentille, d'un folie attendrissante. D'une folie qui ne tarderait pas à lui faire chavirer le coeur s'il ne se calmait pas de suite. Elle baissa alors les yeux sur son portable qu'elle n'utilisait même pas. Elle était soulagée, aussi. Soulagée qu'il ne compte pas s'en aller. Soulagée de voir que la seule base plus ou moins stable de sa société resterait à ses côtés. Rassurée qu'elle garderait au moins une personne compétente avec elle. Elle se rassurait surtout en ne trouvant que de bonnes excuses professionnelles. Elle se voilait la face que si Aber était là, et que si elle faisait en sorte de le garder, ce n'était pas que pour sa société. C'était un peu, voire avant-tout, devenu personnel. Non, on ne parlait pas du tout d'amour, on n'était à mille lieues de tout ça. C'était de l'affection, oui mais tellement plus complexe. C'était, comme déjà dit, une personne qui la rassurait, qui l'embaumait d'un halo étrange qu'elle ne ressentait pas vraiment avec d'autres personnes d'habitude. C'était Aber, elle ne pouvait encore pas mettre de réels mots sur ce qu'elle éprouvait quand elle évoquait son nom. Il lui arrivait de penser à lui, parfois, en dehors du travail. Quand son cerveau lui autorisait à penser à autre chose qu'à ça, quand elle pouvait faire une pause, ou bien quand elle voyait des clichés et qu'elle reconnaissait ses les quelques mots rassurants d'Aber, elle avait posé, un quart de seconde, sa main sur la sienne, en guise de J'ai totalement oublié, vous... Tu veux quelque chose à boire? Je te le rapporte, j'en ai pour deux oui, à boire ! C'était quand même le but du rendez-vous, et elle aussi, avait totalement zappé la première raison de sa venue. Elle se redressa et reprit son Oh oui, heu... Un macchiato caramel, s'il te plaît. Et s'il te faut de la monnaie j'en ai !Il était déjà sûrement bien loin, elle ne s'était pas retournée. Elle regarda l'heure, elle n'avait quasiment pas bougé depuis son arrivée et pourtant, elle avait l'impression d'être là depuis des heures. Mais alors, que faisait-elle ici, si ce n'était pas pour parler boulot ? Enfin... Elle n'en savait rien. Il avait dit ne pas vouloir s'en aller, mais il allait peut-être quand même enchaîner là-dessus. Augmentation du salaire, horaires réduits, mésentente avec un des membres... Une petite poussée d'adrénaline envahit une nouvelle fois la jeune fille. Pitié, pas de problèmes, pas de problèmes, pas de A moins que... tu veuilles me virer?Elle fit un bond. Si elle s'attendait à le voir surgir de n'importe où ! Elle releva les yeux vers lui, le coeur battant au moins deux fois plus rapidement que la seconde précédente. Ce pseudo air menaçant la fit presque exploser de rire, mais avec cette mini crise cardiaque, elle était dans l'incapacité totale d'afficher un quelconque rictus, ou même quelque chose proche de la chose, sur son joli petit virer ? Mais quelle stupide idée. Sûrement tout autant stupide que de penser qu'il voulait démissionner. Elle ne pouvait pas le virer, elle avait besoin de lui, besoin de ses tatouages pour accorder ses vêtements, besoin de sa présence pour rester un minimum crédible sur les photos qu'elle promotionnait. Elle avait besoin de lui pour continuer à ressentir ce sentiment qui la laissait perplexe à chaque venue d'Aber dans le studio. Elle avait besoin de lui pour se rassurer et se conforter dans l'idée qu'elle ne faisait pas que de la merde, et que ses projets aboutiraient. - Je heu... Quoi ? Mais t'es fou !Elle se mit alors à rire, prenant conscience de ce qui se passait sous ses yeux plein de surprise. Quel comique cet Pas du tout, je compte te garder jusqu'à ce que tu meurs à la tâche toi ! J'ai besoin de toi, je te l'ai déjà dit, dit-elle en lui adressant un sourire innocent, se pressant de chasser toutes ses prises de conscience hors de sa petite tête. Contenu sponsorisé Sujet Re "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana Page 1 sur 1Permission de ce forumVous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forumLightning Strokes Thunder Bay. Starbuck vers
Accueil La Librairie Romans, Nouvelles Romans francophones Chroniques.... Un Roi sans divertissement 2,50€ Bon état Le Lien Livraison à partir de 3,00€ 2,50€ Bon état Le Lien Livraison à partir de 3,00€ 14 autres livres à partir de 2,00€ Description Chroniques.... Un Roi sans divertissementSeulement, ce soir-là, il ne fumait pas un cigare il fumait une cartouche de dynamite. Ce que Delphine et Saucisse regardèrent comme d'habitude, la petite brise, le petit fanal de voiture, c'était le grésillement de la il y eut, au fond du jardin, l'énorme éclaboussement d'or qui éclaira la nuit pendant une seconde. C'était la tête de Langlois qui prenait, enfin, les dimensions de l' a dit "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères " ? En lire plus Auteur Jean giono Editions Editions gallimard Année 2002 Collection Folio Reliure Broché ISBN 9782070362202 Options de livraison Plusieurs options de livraison vous seront proposées lors de la finalisation de votre achat selon le vendeur que vous aurez sélectionné. La plus grande librairie solidaire en ligne Dans la librairie de Label Emmaüs, vous avez à disposition plus d'un million d'ouvrages, sélectionnés et triés avec soin par des salariés en parcours d'insertion professionnelle. 100% des livres sont d'occasion ! À chaque livre que vous achetez, vous contribuez au réemploi et à l'insertion professionnelle. Vous favorisez aussi l'accès à la culture pour toutes et tous. Les Garanties Label Emmaüs Paiement sécurisé Label Emmaüs vous procure une expérience d’achat en ligne sécurisée grâce à la technologie Hipay et aux protocoles 3D Secure et SSL. Satisfait ou remboursé Nous nous engageons à vous rembourser tout objet qui ne vous satisferait pas dans un délai de 14 jours à compter de la réception de votre commande. 2,50€ Bon état Le Lien Livraison à partir de 3,00€ 2,50€ Bon état Le Lien Livraison à partir de 3,00€ PRIX ÉTAT VENDU PAR FERMER 16 autres livres à partir de 2,00€ VOIR Ça va vous plaire Voici une sélection de produits similaires Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! CHINEZ MALIN ! Continuez vos achats chez Book Hémisphères pour optimiser vos frais de port. Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! CHINEZ MALIN ! Continuez vos achats chez Clic'Livres pour optimiser vos frais de port. Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! CHINEZ MALIN ! Continuez vos achats chez Tri-Tout Librairie pour optimiser vos frais de port. Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! CHINEZ MALIN ! Continuez vos achats chez Le Lien pour optimiser vos frais de port. Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! CHINEZ MALIN ! Continuez vos achats chez LeLivreVert pour optimiser vos frais de port. Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! Chroniques.... Un Roi sans divertissement est dans votre panier ! CHINEZ MALIN ! Continuez vos achats chez Librairie TRIRA pour optimiser vos frais de port.
... est un homme plein de misères." Qui a dit cela ? C'est la dernière question que nous pose Jean Giono avant de nous laisser refermer son livre, qui a d'ailleurs titre Un roi sans divertissement. Bon, c'est Pascal, qui a dit ça, mais je laisse le soin à Giono et à son très beau Langlois le soin de vous expliquer ce que ça peut bien vouloir dire. Le livre est parti parfaitement au hasard, sans aucun personnage. Le personnage était l'Arbre, le Hêtre. Le départ, brusquement, c'est la découverte d'un crime, d'un cadavre qui se trouva dans les branches de cet arbre. Il y a eu d'abord l'arbre, puis la victime, nous avons commencé par un être inanimé, suivi d'un cadavre, le cadavre a suscité l'assassin tout simplement, et après, l'assassin a suscité le justicier. C'était le roman du justicier que j'avais écrit. C'était celui-là que je voulais écrire, mais en partant d'un arbre qui n'avait rien à faire dans l'histoire. Je ne sais pas si j'arriverais vraiment à résumer, ni même à esquisser le fond de ce bouquin un petit village perdu au fond de la campagne, coupé de tout, qui s'érige presque en autre monde sous les yeux du lecteur, et où pendant presque trois ans, tous les hivers, une personne disparaîtra. La peur, l'angoisse de l'anormal qui vous tombe dessus... Mais voilà qu'arrive le capitaine Langlois avec sa pipe et son potentiel de sauveur. Langlois... Je crois que ce type fait partie des quatre ou cinq personnages que je donnerais volontiers pour modèle à celui qui voudrait bien me fabriquer l'Homme Idéal. Langlois, c'est Athos sans ses trois amis, c'est Platonov sans femmes. Mais c'est aussi et avant tout le personnage qui évolue dans le vide, qui ne parvient pas à trouver d'attrait réel en la vie, et qui sera plus ou moins hanté par le fait que le meurtrier du Hêtre, l'homme qu'il a abattu, en avait trouvé un, lui la Beauté. Mettez Langlois dans un décor de neige noire qui ne fond jamais, même lorsque l'Auteur se décide à évoquer le retour du printemps, avec la tenancière Saucisse et les habitants curieux mais trop timides, tout cela servi avec l'écriture pleine d'humour et de poésie de Giono, qui défriche son mystère sans daigner l'expliquer autrement que par des dialogues en demi-teintes, au présent et au futur. Eh bien, vous avez un chef d'oeuvre blanc, l'illustration même de cette phrase de Saucisse, prise hors contexte "Ah ! l'encre, ça en fait faire, des bêtises". Un très beau livre, vraiment.
un roi sans divertissement est un homme plein de misères